Bravo à eux!
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jeudi 27 avril 2017
Les films des élèves
Et nous sommes fiers de vous présenter les productions des 1e qui ont participé cette année au projet KINEMA. Ils devaient traiter du thème de l'exclusion et de la tolérance, en tournant un petit spot pour une campagne de prévention du harcèlement à l'école.
Bravo à eux!
Bravo à eux!
Tiers-lieu 2017 (1) : Kinema débarque à Osnabrück
Et c'est reparti!
Après 10 heures de car (une broutille à côté des 22 heures pour aller l'an dernier en Pologne), nous sommes arrivés en pleine forme à Osnabrück, en Basse-Saxe, pour la rencontre en tiers lieu de cette année.
A peine sortis du bus, nous avons couru au cinéma pour regarder le troisième film du programme : Crache Coeur, de la réalisatrice franco-polonaise Julia Kowalski:
Cédric Lépine : Rose, le personnage principal, est une adolescente qui porte véritablement tout le film à travers une personnalité inédite dans le paysage du cinéma français. Comment l'avez-vous conçu au moment de l'écriture ?
Julia Kowalski : L'écriture a été à la fois claire et intuitive car Rose, c'est un peu moi. Même si ce n'est pas autobiographique, il y a plein d'éléments personnels dans le film. On peut dire que l'histoire repose sur les souvenirs de ma propre adolescence. Je n'ai donc pas effectué de recherches, ni rencontré des adolescents d'aujourd'hui pour construire ce personnage. Avec ce film, je ne me plaçais donc pas dans le réalisme social contemporain mais plutôt dans l'idée de faire un film atemporel, qu'il s'agisse du traitement de l'image ou de la mise en scène. Le parcours de Rose était pour cette raison évident, ce qui ne m'a pas empêchée de rencontrer des difficultés à écrire le scénario parce que je devais construire des intrigues beaucoup plus développées.
C. L. : Comment l'expérience de ce premier long métrage vous a-t-elle nourrie personnellement dans ce dialogue avec votre propre histoire ?
J. K. : En effet, la première version du scénario est apparue comme si je l'avais déjectée de façon brûlante et viscérale. J'ai pris beaucoup de plaisir à finalement « vider mon sac ». Les nombreuses années que prend la réalisation d'un premier long métrage m'ont permis de prendre de la distance par rapport à cette histoire, très personnelle au départ et qui ne l'est finalement plus. Le film est ainsi devenu plus universel et j'aimerais que chacun puisse éprouver en voyant le film les émotions que j'ai moi-même éprouvées. Ainsi, Rose est devenue un véritable personnage de fiction : ce n'est plus du tout moi. Comme la réalisation du film a été longue, j'ai moi-même entre temps évolué ce qui accentue ma distance avec cette histoire. C'est un peu bizarre mais au final faire un film est proche d'un travail analytique : on parle de choses très personnelles, ce qui nous permet de les dépasser.
C. L. : Comment avez-vous dirigé l'actrice principale pour qu'elle puisse incarner ce que vous avez été ?
J. K. : J'ai tout d'abord réalisé un casting très long avant de trouver Liv Henneguier : il m'a fallu un an avant de trouver la perle rare. Avec Liv j'ai donc eu littéralement un coup de foudre. Nous nous ressemblons physiquement et dans ses attitudes aussi je me retrouvais beaucoup. Lorsque je l'ai vue dans un film pour la première fois, c'est devenu une évidence pour moi qu'elle était mon personnage, à tel point que je ne souhaitais pas assister à ses premiers essais de casting. Lors de notre première rencontre, nous sommes restées quatre heures à parler de nos vies respectives et à y trouver de nombreux points communs, notamment notre double culture puisqu'elle a des origines suédoises et moi polonaises. Nous avons très vite parlé des scènes du film sans la moindre ambiguïté. Nous nous sommes fait confiance dès le début et sur le plateau c'était un bonheur absolu. En outre, elle est totalement spontanée, brillante et intelligente : cela simplifie beaucoup les choses !
Ce fut un tournage réellement idyllique alors que j'appréhendais beaucoup cette première expérience. Je viens du documentaire, ce qui est un univers encore totalement différent de la fiction où j'avais à gérer toute une équipe. Nous avons eu une préparation au tournage un peu compliqué car la production était assez réduite, ce qui nous imposait peu de jours de tournage et en même temps j'ai réellement l'impression d'avoir fait le film que je voulais en ne faisant aucune concession. Le film est ce qu'il est mais il me ressemble beaucoup. Je pense qu'il ne plaira pas à tout le monde mais au moins j'ai l'impression que c'est moi et j'en suis très fière. Ce qui ne m'empêche pas d'y reconnaître des défauts. J'ai hâte de poursuivre et de réaliser le film suivant.
C. L. : La psychologie du personnage principal semble être marquée par une absence, celle de sa mère.
J. K. : Je parlerai davantage de frustrations. Pour moi c'est ce qui caractérise l'évolution du film, devenant son moteur même. Je ne souhaitais pas montrer l'origine précise de ces frustrations. J'avais davantage envie de raconter la naissance du désir qui n'aboutit pas. Les différents personnages sont d'ailleurs confrontés à leurs frustrations, qu'il s'agisse de Roman et son père comme des relations des autres personnages. Ils ont également en commun d'appartenir tous à deux cultures à la fois.
C. L. : Vous utilisez un lieu hautement
symbolique qu'est le foyer autour de cette maison en construction :
l'idée du foyer où l'individu peut s'épanouir est dès lors remise en
cause, frustrée.
J. K. : Cette maison en chantier permanent est l'état intérieur foisonnant du personnage principal. De plus, je connais bien le milieu ouvrier polonais puisque j'en ai fait le sujet de mon documentaire précédent : c'était donc logique pour moi qu'il apparaisse. Quelque part, je ne me suis pas posé de question sur la part symbolique du film : tout émane des pores du personnage principal. Le sens apparaît aussi dans les secondes phases d'écriture. D'ailleurs, à un moment le film a failli s'intituler « En chantier ».
C. L. : L'adolescence avec ses questionnements sur l'identité était pour vous une période incontournable pour votre premier long métrage de fiction ?
J. K. : Durant l'adolescence, tout est démesure. Je m'intéressais en outre au contraste entre grand drame et extrême légèreté : l'adolescence est la période la plus appropriée à cet égard. En effet, à cet âge on a l'impression de vivre des choses énormes qui vont bouleverser nos vies alors qu'au final celles-ci n'ont aucune incidence. On retrouve aussi le schéma classique de la jeune réalisatrice qui s'intéresse à sa propre adolescence pour son premier long métrage. Parfois, on m'a demandé si ce n'était pas un film de plus sur l'adolescence. Mais au bout du compte, je me fiche de m'inscrire dans cette lignée : j'ai souhaité avant tout partager mon regard personnel sans me référer aux codes obligés du film sur l'adolescence. Je pense en conclusion qu'il y a autant de films d'ado qu'il y a de réalisateurs.
C. L. : Ce qui caractérise aussi cette adolescente, c'est qu'elle n'appartient à aucune bande : elle ment à tout le monde et est capable de ne puiser qu'en elle-même pour s'affirmer face aux autres, adultes ou non.
J. K. : Je pense que cela est dû évidemment à mon caractère et à ma vie. Je n'ai jamais fait partie d'une bande et même si j'en ai eu plein, je me suis toujours tenue à distance. Il n'y a dans ce film ni bons ni méchants : ils sont tous nuls, lâches, pervers et attachants, sensibles, ayant tous leurs raisons pour se justifier. Chacun possède sa dualité comme chacun de nous dans la réalité. De Rose, je voulais absolument éviter d'en faire un personnage lisse : il fallait que l'on voit ses aspérités.
C. L. : En ce sens, le personnage se construit lui-même sa féminité, en dehors de l'image « lisse et parfaite » désirée par le regard masculin.
J. K. : Oui, c'est vrai, même si je ne me revendique pas comme une cinéaste féministe. Mais pour moi la virilité n'est pas que chez les hommes : on la retrouve chez la femme parce que tout se confond. Rose est peut-être le personnage le plus viril dans le film car elle fonce et qu'elle n'a peur de rien. Elle n'a jamais peur du ridicule, alors que les hommes sont un peu lâches, comme ce père qui n'ose pas voir son fils, le fils qui joue les bad boys mais qui a peur de tout... Mais ce n'est pas là ma vision des hommes ! Parce que mon héroïne est une femme, que je voulais qu'elle soit forte, elle est donc devenue virile. Les hommes peuvent être faibles et pétasses de leur côté : cela n'est pas propre à un genre mais répond bien à des personnalités distinctes.
C. L. : Qu'est-ce que cela signifie d'avoir comme productrice Valérie Donzelli ? Cela suppose-t-il un encouragement à travers des valeurs communes en tant que cinéastes ?
J. K. : Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm ont été peu présents sur la réalisation : mon contact permanent a davantage été Mina Driouch, la troisième associée de leur société de production. En revanche ils ont été formidables de générosité, n'hésitant pas à me prêter leur appartement pour les répétitions. Je trouve formidable qu'elle se soit lancée dans un projet comme le mien qui est d'autant plus difficile que c'est un premier film sans acteurs connus. Elle a foncé corps et âme dans mon projet et c'est génial.
Nous avons certainement des points communs mais ils ne sont pas évidents : je ne me présente pas comme sa disciple. Dans nos choix de mise en scène, nous sommes à des années-lumière l'une de l'autre. Ainsi, Valérie Donzelli est très instinctive dans l'improvisation et la dynamique d'un tournage où tout se construit sur place, alors que je suis très réfléchie, j'ai besoin que tout soit millimétré, je parle beaucoup avec mon chef opérateur pour avoir des plans précis... il n'y a aucun hasard chez moi. Ainsi, la couleur des costumes doit être en corrélation avec la couleur des tapisseries, tel personnage dans tel décor doit porter telle couleur. Ce qui n'empêche pas que je sois parfois confrontée à l'improvisation mais cela reste rare. De telle sorte qu'au montage je me retrouve avec beaucoup de plans-séquence que je n'ai pas envie de redécouper. De son côté, Valérie Donzelli multiplie les angles et prises de vue et fait naître son film au montage.
Il est vrai que j'ai pu bénéficier de son énergie qui est tout simplement incroyable : c'est juste dingue et génial comme modèle ! C'est un honneur absolu d'avoir été produite par elle.
Source : https://blogs.mediapart.fr/cedric-lepine/blog/180816/entretien-avec-julia-kowalski-realisatrice-du-film-crache-coeur
Quelques images de cette première soirée:
Après 10 heures de car (une broutille à côté des 22 heures pour aller l'an dernier en Pologne), nous sommes arrivés en pleine forme à Osnabrück, en Basse-Saxe, pour la rencontre en tiers lieu de cette année.
A peine sortis du bus, nous avons couru au cinéma pour regarder le troisième film du programme : Crache Coeur, de la réalisatrice franco-polonaise Julia Kowalski:
Entretien avec Julia Kowalski, réalisatrice du film "Crache cœur"
Après une première présentation à Cannes dans la
sélection de l'ACID en 2015, le premier long métrage de Julia Kowalski
est sorti dans les salles en France le 17 février 2016. Retour sous
forme d'entretien sur ce premier long métrage.
Cédric Lépine : Rose, le personnage principal, est une adolescente qui porte véritablement tout le film à travers une personnalité inédite dans le paysage du cinéma français. Comment l'avez-vous conçu au moment de l'écriture ?
Julia Kowalski : L'écriture a été à la fois claire et intuitive car Rose, c'est un peu moi. Même si ce n'est pas autobiographique, il y a plein d'éléments personnels dans le film. On peut dire que l'histoire repose sur les souvenirs de ma propre adolescence. Je n'ai donc pas effectué de recherches, ni rencontré des adolescents d'aujourd'hui pour construire ce personnage. Avec ce film, je ne me plaçais donc pas dans le réalisme social contemporain mais plutôt dans l'idée de faire un film atemporel, qu'il s'agisse du traitement de l'image ou de la mise en scène. Le parcours de Rose était pour cette raison évident, ce qui ne m'a pas empêchée de rencontrer des difficultés à écrire le scénario parce que je devais construire des intrigues beaucoup plus développées.
C. L. : Comment l'expérience de ce premier long métrage vous a-t-elle nourrie personnellement dans ce dialogue avec votre propre histoire ?
J. K. : En effet, la première version du scénario est apparue comme si je l'avais déjectée de façon brûlante et viscérale. J'ai pris beaucoup de plaisir à finalement « vider mon sac ». Les nombreuses années que prend la réalisation d'un premier long métrage m'ont permis de prendre de la distance par rapport à cette histoire, très personnelle au départ et qui ne l'est finalement plus. Le film est ainsi devenu plus universel et j'aimerais que chacun puisse éprouver en voyant le film les émotions que j'ai moi-même éprouvées. Ainsi, Rose est devenue un véritable personnage de fiction : ce n'est plus du tout moi. Comme la réalisation du film a été longue, j'ai moi-même entre temps évolué ce qui accentue ma distance avec cette histoire. C'est un peu bizarre mais au final faire un film est proche d'un travail analytique : on parle de choses très personnelles, ce qui nous permet de les dépasser.
C. L. : Comment avez-vous dirigé l'actrice principale pour qu'elle puisse incarner ce que vous avez été ?
J. K. : J'ai tout d'abord réalisé un casting très long avant de trouver Liv Henneguier : il m'a fallu un an avant de trouver la perle rare. Avec Liv j'ai donc eu littéralement un coup de foudre. Nous nous ressemblons physiquement et dans ses attitudes aussi je me retrouvais beaucoup. Lorsque je l'ai vue dans un film pour la première fois, c'est devenu une évidence pour moi qu'elle était mon personnage, à tel point que je ne souhaitais pas assister à ses premiers essais de casting. Lors de notre première rencontre, nous sommes restées quatre heures à parler de nos vies respectives et à y trouver de nombreux points communs, notamment notre double culture puisqu'elle a des origines suédoises et moi polonaises. Nous avons très vite parlé des scènes du film sans la moindre ambiguïté. Nous nous sommes fait confiance dès le début et sur le plateau c'était un bonheur absolu. En outre, elle est totalement spontanée, brillante et intelligente : cela simplifie beaucoup les choses !
Ce fut un tournage réellement idyllique alors que j'appréhendais beaucoup cette première expérience. Je viens du documentaire, ce qui est un univers encore totalement différent de la fiction où j'avais à gérer toute une équipe. Nous avons eu une préparation au tournage un peu compliqué car la production était assez réduite, ce qui nous imposait peu de jours de tournage et en même temps j'ai réellement l'impression d'avoir fait le film que je voulais en ne faisant aucune concession. Le film est ce qu'il est mais il me ressemble beaucoup. Je pense qu'il ne plaira pas à tout le monde mais au moins j'ai l'impression que c'est moi et j'en suis très fière. Ce qui ne m'empêche pas d'y reconnaître des défauts. J'ai hâte de poursuivre et de réaliser le film suivant.
C. L. : La psychologie du personnage principal semble être marquée par une absence, celle de sa mère.
J. K. : Je parlerai davantage de frustrations. Pour moi c'est ce qui caractérise l'évolution du film, devenant son moteur même. Je ne souhaitais pas montrer l'origine précise de ces frustrations. J'avais davantage envie de raconter la naissance du désir qui n'aboutit pas. Les différents personnages sont d'ailleurs confrontés à leurs frustrations, qu'il s'agisse de Roman et son père comme des relations des autres personnages. Ils ont également en commun d'appartenir tous à deux cultures à la fois.
" Crache cœur" de Julia Kowalski © DR
J. K. : Cette maison en chantier permanent est l'état intérieur foisonnant du personnage principal. De plus, je connais bien le milieu ouvrier polonais puisque j'en ai fait le sujet de mon documentaire précédent : c'était donc logique pour moi qu'il apparaisse. Quelque part, je ne me suis pas posé de question sur la part symbolique du film : tout émane des pores du personnage principal. Le sens apparaît aussi dans les secondes phases d'écriture. D'ailleurs, à un moment le film a failli s'intituler « En chantier ».
C. L. : L'adolescence avec ses questionnements sur l'identité était pour vous une période incontournable pour votre premier long métrage de fiction ?
J. K. : Durant l'adolescence, tout est démesure. Je m'intéressais en outre au contraste entre grand drame et extrême légèreté : l'adolescence est la période la plus appropriée à cet égard. En effet, à cet âge on a l'impression de vivre des choses énormes qui vont bouleverser nos vies alors qu'au final celles-ci n'ont aucune incidence. On retrouve aussi le schéma classique de la jeune réalisatrice qui s'intéresse à sa propre adolescence pour son premier long métrage. Parfois, on m'a demandé si ce n'était pas un film de plus sur l'adolescence. Mais au bout du compte, je me fiche de m'inscrire dans cette lignée : j'ai souhaité avant tout partager mon regard personnel sans me référer aux codes obligés du film sur l'adolescence. Je pense en conclusion qu'il y a autant de films d'ado qu'il y a de réalisateurs.
C. L. : Ce qui caractérise aussi cette adolescente, c'est qu'elle n'appartient à aucune bande : elle ment à tout le monde et est capable de ne puiser qu'en elle-même pour s'affirmer face aux autres, adultes ou non.
J. K. : Je pense que cela est dû évidemment à mon caractère et à ma vie. Je n'ai jamais fait partie d'une bande et même si j'en ai eu plein, je me suis toujours tenue à distance. Il n'y a dans ce film ni bons ni méchants : ils sont tous nuls, lâches, pervers et attachants, sensibles, ayant tous leurs raisons pour se justifier. Chacun possède sa dualité comme chacun de nous dans la réalité. De Rose, je voulais absolument éviter d'en faire un personnage lisse : il fallait que l'on voit ses aspérités.
C. L. : En ce sens, le personnage se construit lui-même sa féminité, en dehors de l'image « lisse et parfaite » désirée par le regard masculin.
J. K. : Oui, c'est vrai, même si je ne me revendique pas comme une cinéaste féministe. Mais pour moi la virilité n'est pas que chez les hommes : on la retrouve chez la femme parce que tout se confond. Rose est peut-être le personnage le plus viril dans le film car elle fonce et qu'elle n'a peur de rien. Elle n'a jamais peur du ridicule, alors que les hommes sont un peu lâches, comme ce père qui n'ose pas voir son fils, le fils qui joue les bad boys mais qui a peur de tout... Mais ce n'est pas là ma vision des hommes ! Parce que mon héroïne est une femme, que je voulais qu'elle soit forte, elle est donc devenue virile. Les hommes peuvent être faibles et pétasses de leur côté : cela n'est pas propre à un genre mais répond bien à des personnalités distinctes.
C. L. : Qu'est-ce que cela signifie d'avoir comme productrice Valérie Donzelli ? Cela suppose-t-il un encouragement à travers des valeurs communes en tant que cinéastes ?
J. K. : Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm ont été peu présents sur la réalisation : mon contact permanent a davantage été Mina Driouch, la troisième associée de leur société de production. En revanche ils ont été formidables de générosité, n'hésitant pas à me prêter leur appartement pour les répétitions. Je trouve formidable qu'elle se soit lancée dans un projet comme le mien qui est d'autant plus difficile que c'est un premier film sans acteurs connus. Elle a foncé corps et âme dans mon projet et c'est génial.
Nous avons certainement des points communs mais ils ne sont pas évidents : je ne me présente pas comme sa disciple. Dans nos choix de mise en scène, nous sommes à des années-lumière l'une de l'autre. Ainsi, Valérie Donzelli est très instinctive dans l'improvisation et la dynamique d'un tournage où tout se construit sur place, alors que je suis très réfléchie, j'ai besoin que tout soit millimétré, je parle beaucoup avec mon chef opérateur pour avoir des plans précis... il n'y a aucun hasard chez moi. Ainsi, la couleur des costumes doit être en corrélation avec la couleur des tapisseries, tel personnage dans tel décor doit porter telle couleur. Ce qui n'empêche pas que je sois parfois confrontée à l'improvisation mais cela reste rare. De telle sorte qu'au montage je me retrouve avec beaucoup de plans-séquence que je n'ai pas envie de redécouper. De son côté, Valérie Donzelli multiplie les angles et prises de vue et fait naître son film au montage.
Il est vrai que j'ai pu bénéficier de son énergie qui est tout simplement incroyable : c'est juste dingue et génial comme modèle ! C'est un honneur absolu d'avoir été produite par elle.
Source : https://blogs.mediapart.fr/cedric-lepine/blog/180816/entretien-avec-julia-kowalski-realisatrice-du-film-crache-coeur
Quelques images de cette première soirée:
dimanche 2 avril 2017
Monter un film
Quelques vidéos utiles lorsqu'on veut travailler sur le montage d'un film ou d'une vidéo:
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